La Révolution française est l'un des moments les plus importants de l'histoire de France. En l'espace d'une décennie (1789-1799), elle change totalement le paysage social, politique et économique du pays. Ces événements extraordinaires et violents qui bouleversent la France auront aussi une influence profonde sur le reste de l'Europe et du monde pour les siècles à venir. Avec la Révolution, c'est soudain le peuple, le citoyen qui entrent en scène et qui participent à la conduite du pays, mettant ainsi fin à des siècles d'un pouvoir absolu détenu par l'aristocratie et le clergé.
Les conditions d'une insurrection
Les causes qui ont conduit à la Révolution sont multiples : l'apparition de nouvelles valeurs morales et intellectuelles au cours du siècle des Lumières (18e)
, à travers notamment les écrits de Montesquieu, Voltaire, Rousseau et Diderot, ont créé un climat favorable aux revendications d'un peuple opprimé par les classes dominantes; par ailleurs, la monarchie est en crise et affaiblie, elle doit faire face à la montée en puissance des parlements qui s'opposent au roi Louis XVI; le déficit budgétaire de l'Etat est chronique, le peuple mécontent doit payer des impôts plus lourds pour financer des guerres coûteuses en Europe et en Amérique : le marquis de La Fayette est parti combattre dès 1777 avec des volontaires français aux côtés des insurgés des Etats du Nord et l'Amérique pourra finalement proclamer la fin de la guerre d'indépendance en 1783, lors du Traité de Versailles. La combinaison de tous ces facteurs contribue donc à installer une grave crise de confiance dans le pays ainsi qu'un sentiment profond de frustration parmi le peuple, qui menace d'exploser.
La convocation des Etats généraux
En 1786, Calonne, ministre des Finances de Louis XVI, promulgue une loi visant à faire payer des impôts aux propriétaires fonciers. Ce nouvel impôt, qui a pour but de renflouer les caisses de l'Etat vidées par la crise économique, est naturellement très mal accueilli par les détenteurs de privilèges concernés, qui s'opposent violemment à cette loi. Face à cet échec, Louis XVI convoque en août 1788 les Etats généraux, une assemblée très rarement sollicitée par le pouvoir royal et qui est censée représenter le pays en trois tiers : la noblesse, le clergé et le peuple (le Tiers Etat). Pour préparer cette assemblée, chaque village, chaque corporation de France préparent un cahier de doléances qui contient les vœux et souhaits de la population. Parmi ces vœux figurent sans surprise la formation d'une constitution pour le pays (selon un modèle inspiré de l'expérience américaine), l'abolition des droits féodaux et des impôts injustes. En somme, rien de très concret qui pourrait aider l'Etat à se sortir du marasme économique et financier. Pour la première assemblée qui a lieu le 5 mai 1789 à Versailles, la résidence du roi, le ministre Necker accorde aux élus du peuple une représentation égale à celles de la noblesse et du clergé réunies. Malgré ce geste magnanime, les Etats généraux sont une déception pour les députés du peuple : dès l'ouverture de la session, ils réalisent qu'aucune des réformes proposées dans leurs cahiers de doléances ne sera sérieusement discutée.
La prise de la Bastille
Cette tromperie politique précipite les événements, qui vont se succéder rapidement. Le 17 juin 1789, les représentants du Tiers Etat à Versailles s'auto-proclament Assemblée nationale. Trois jours plus tard, le 20 juin, alors qu'ils sont réunis dans une vaste salle sans fenêtres du palais, ils s'engagent à ne pas se séparer avant d'avoir rédigé une constitution pour le pays; c'est le Serment du Jeu de Paume. Le 9 juillet, à la suite de leurs délibérations, les députés du Tiers Etat se proclament Assemblée constituante. Pendant ce temps, Louis XVI prépare ses régiments pour écraser les rebelles et le 11 juillet, il renvoie le très populaire Necker, ce que le peuple désapprouve fortement. Le 12 juillet, les Parisiens commencent à se mobiliser et le 14 au matin ils assaillent les Invalides, où ils s'emparent de 30 000 fusils et de douze canons. Ils se dirigent ensuite vers la Bastille où espèrent trouver d'autres armes. La Bastille est une gigantesque bâtisse rectangulaire flanquée de quatre tours et qui a été construite par Charles VI au 15e siècle pour protéger Paris. Elle sert depuis de prison royale et elle est surtout le symbole de l'autorité monarchique. En fin d'après-midi, les insurgés maîtrisent complètement le bâtiment. La tête du gouverneur de la Bastille est promenée au bout d'un piquet, les villes de province se révoltent à leur tour, la Révolution est en marche, rien ne pourra l'arrêter.
L'histoire par l'image : Le Serment du Jeu de paume
L'Histoire par l'image : La prise de Bastille
Fin de l'Ancien Régime
Le 16 juillet, Louis XVI rappelle Necker , son ministre de finances, et renoue le dialogue avec les révolutionnaires. Cette entente durera trois ans, elle reposera sur le principe d'un partage du pouvoir dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle. En d'autres termes, le roi reste au sommet de l'Etat mais l'Assemblée rédige les lois et exerce son influence sur l'exécutif. Le symbolisme de cette alliance se retrouve dans le nouveau drapeau français : entre le bleu et le rouge qui sont les couleurs de la ville de Paris se place le blanc, qui représente la noblesse. Le 4 août 1789, l'Assemblée constituante abolit l'ancien régime social et les privilèges, ce qui provoque immédiatement des scènes de panique dans toutes les provinces du pays. Le 26 août, la même assemblée publie la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen qui garantit les droits fondamentaux du peuple en même temps qu'elle formule ses devoirs : liberté, égalité, mais aussi souveraineté de la nation.
Affolée par les événements, la noblesse fuit en masse à l'étranger, tandis que le roi est ramené de Versailles à Paris, où siègera désormais l'Assemblée. Un an plus tard, le 14 juillet 1790, le premier jour anniversaire de la prise de la Bastille, Louis XVI jure solennellement son allégeance à la Constitution. Toutefois, l'année suivante, en juin 1791, le roi déguisé en bourgeois tente de s'enfuir; il est cependant rattrapé à Varennes et ramené à Paris. Cette action du roi lui fait perdre toute sa crédibilité auprès du peuple parisien, qui réclame son exécution. L'Assemblée lui accorde finalement le bénéfice du doute, en accréditant la thèse d'un enlèvement.
En avril 1792, sur une proposition de Louis XVI, dont les motivations sont suspectes, la France déclare la guerre à l'Autriche, alliée de la Prusse. Cette menace de l'extérieur va renforcer la ferveur patriotique des révolutionnaires parisiens les plus radicaux, les "sans-culottes" qui s'emparent le 10 août des Tuileries, la demeure du roi. L'Assemblée décide immédiatement de déposer le roi et vote pour la formation d'une Convention nationale, dont les députés seront élus au suffrage universel. Début septembre, les troupes prussiennes franchissent le Rhin, prennent Verdun et Longwy, proches de la frontière. Le 20 septembre, les Prussiens affrontent les troupes françaises à Valmy. Les Français sortent victorieux de cette bataille importante, grâce à leurs excellents canons et surtout à la fougue des soldats révolutionnaires, conscients de défendre la patrie en danger. La Révolution est finalement sauvée à Valmy, et cette victoire provoque un nouvel élan de confiance populaire.
La Terreur
Au lendemain de la victoire de Valmy, la Convention nouvellement élue proclame le 21 septembre 1792 la République, la première de l'histoire européenne. Or déjà, l'Assemblée est divisée par des divergences au sein des députés sur la conduite de la Révolution. Les Girondins optent pour une attitude modérée et veulent en finir avec les réformes radicales qui sanctionnent lourdement la bourgeoisie et les propriétaires terriens. A l'opposé, les Montagnards (nommés ainsi parce qu'ils occupent les bancs des rangées supérieures de l'Assemblée) sont partisans de la poursuite des réformes et soutiennent les "sans-culottes", le mouvement populaire le plus extrêmiste de la Révolution. Ces divisions au sein de la Convention iront en s'aggravant et plongeront durant deux années la France révolutionnaire dans sa période la plus sanglante.
En janvier 1793, Louis XVI est accusé d'avoir collaboré avec les forces anti-révolutionnaires et est décapité le 21. La Convention doit par ailleurs faire face à une coalition de pays européens regroupant l'Angleterre, la Hollande, la Prusse, l'Autriche et l'Espagne qui se sentent menacés par la république française régicide. En réponse, la Convention décide la mobilisation de 300 000 hommes, ce qui provoque le soulèvement des Vendéens, sympathisants des Girondins. En avril 1793, le pouvoir passe aux mains d'un gouvernement révolutionnaire, le Comité de salut public, présidé par Danton. L'une des premières mesures très impopulaires du nouveau gouvernement est de geler les prix et les salaires afin de faire face à la crise économique du pays. Une autre mesure vise à éliminer l'opposition, celle des Girondins en particulier, qui sont arrêtés et exécutés. La France est désormais entrée dans sa période la plus noire, la Terreur : s'opposer au gouvernement révolutionnaire des Jacobins signifie la mort. Toutefois, les scissions au sein du Comité apparaissent quelques mois plus tard seulement : au printemps de l'année suivante, en mars 1794, Hébert, l'un des activistes les plus radicaux de la Terreur est arrêté et guillotiné avec ses amis hébertistes. En avril, c'est au tour des indulgents, les plus modérés des partisans de la Terreur, dont font partie Danton et Camille Desmoulins, de passer sous la guillotine. Robespierre, brillant orateur et député du Tiers Etat depuis 1789, s'est ainsi débarrassé de tous ses ennemis et se retrouve le seul maître du Comité de salut public. Son règne ne dure que quelques mois cependant, juste le temps pour les armées françaises de conquérir la Belgique et la Rhénanie; Robespierre est arrêté et exécuté le 17 juillet 1794, le 9 Thermidor, selon le calendrier révolutionnaire. Cette date marque la fin de la domination des Montagnards à la Convention.
Le Directoire
L'année 1795 voit le retour à une certaine modération après le chaos des premières années révolutionnaires. Le mouvement radical est maîtrisé (le 20 mai, les troupes gouvernementales désarment les sans-culottes), mais cela ne signifie pas pour autant le retour aux valeurs anciennes : le 15 juillet 1795, les royalistes tentent un débarquement à Quiberon, au sud de la Bretagne, mais ils sont repoussés. Le 5 octobre, les royalistes font une nouvelle tentative pour s'emparer du pouvoir à Paris mais ils sont écrasés par les troupes d'un jeune général de 28 ans, Bonaparte, qui sera plus tard empereur de France sous le nom de Napoléon 1er.
La Convention cesse d'exister en octobre 1795 et un Directoire, formé de cinq directeurs qui détiennent l'essentiel du pouvoir exécutif, est mis en place. Au cours des quatre années d'existence du Directoire, largement dominées par les combinaisons et les renversements d'alliances, l'influence de Bonaparte ne cessera pas de grandir. Ce général né en Corse (acquise par la France en 1768, un an avant la naissance du futur empereur), se rend immensément célèbre par ses campagnes militaires victorieuses en Italie et Autriche (1796-1797) ainsi qu'en Egypte (1798). A son retour en France en 1799, il possède de solides appuis au sein du Directoire, avec Séyès notamment, qui lui permettent de s'emparer du pouvoir en novembre, par un coup d'état (18 Brumaire). Le Directoire est alors remplacé par le Consulat, un système comprenant trois consuls, dont l'un est Bonaparte lui-même. La Révolution française s'achève ici, à la veille du 19e siècle. Paradoxalement, le pouvoir absolu reviendra bientôt entre les mains d'un seul homme, non plus un roi, comme auparavant, mais plus qu'un roi, un empereur.
La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
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