22/06/2014

La Fontaine Superstar - Le fables en musique

 

Pour célébrer les 400 ans de la naissance de Jean de La Fontaine, Lumni.fr et la Philharmonie des enfants proposent un programme tout en musique.
 
Les artistes participant dans la série , Catherine Ringer, Olivia Ruiz, Kery James, Jeanne Cherhal, Ibrahim Maalouf et Birds on a Wire ont composé des chansons originales  en respectant scrupuleusement les textes du poète

Ces compositions ont été par la suite mises en images à la façon de clips mêlant prises de vues réelles des musiciens et dessins animés, proposant des interprétations contemporaines pleines d’humour des fables choisies par les artistes eux-mêmes.

Birds on a Wire – Le loup et le chien 

  

Un Loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille


A se défendre hardiment

.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
"Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,


Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l'épée.


Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?


- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "


Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.


Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
"Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?


- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.

La morale de la fable 

Deux mondes que tout oppose : le loup est affamé mais libre de courir dans les bois ; le chien est bien nourri mais entravé et blessé par son collier. 

Moralité : mieux vaut être pauvre, affamé et libre que riche, bien nourri mais esclave. La liberté reste le bien le plus cher.

 

 Kery James - La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf. 

  

Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sœur,
Est-ce assez ? dites-moi : n'y suis-je point encore ?
-M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
 - Vous n'en approchez point. » La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.

La morale de la fable

La Grenouille enfle, enfle pour devenir aussi grosse que le Bœuf mais... elle éclate. Moralité :  il faut rester sage, humble et à sa juste place sans chercher à imiter les autres.

 Olivia Ruiz - Le Lion et le moucheron

 

 Va-t-en, chétif Insecte, excrément de la terre.
C'est en ces mots que le Lion
Parlait un jour au Moucheron.
L'autre lui déclara la guerre.


Penses-tu, lui dit-il,. que ton titre de Roi
Me fasse peur ni me soucie ?
Un Bœuf est plus puissant que toi,
Je le mène à ma fantaisie.


À peine il achevait ces mots
Que lui-même il sonna la charge,
Fut le Trompette et le Héros.
Dans l'abord il se met au large,
Puis prend son temps, fond sur le cou
Du Lion, qu'il rend presque fou.


Le Quadrupède écume, et son œil étincelle ;
Il rugit, on se cache, on tremble à l'environ ;
Et cette alarme universell
Est l'ouvrage d'un Moucheron.


Un avorton de Mouche en cent lieux le harcelle,
Tantôt pique l'échine, et tantôt le museau,
Tantôt entre au fond du naseau.


La rage alors se trouve à son faîte montée.
L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir
Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée
Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir.
Le malheureux Lion se déchire lui-même,
Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs,
Bat l'air qui n'en peut mais, et sa fureur extrême
Le fatigue, l'abat ; le voilà sur les dents.


L'Insecte du combat se retire avec gloire :
Comme il sonna la charge, il sonne la victoire,
Va partout l'annoncer, et rencontre en chemin
L'embuscade d'une Araignée :
Il y rencontre aussi sa fin.


Quelle chose par là nous peut être enseignée ?
J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis
Les plus à craindre sont souvent les plus petits ;
L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire,
Qui périt pour la moindre affaire.
 

La morale de la fable

L'originalité du Lion et du Moucheron est de proposer deux morales : 

  • Juger à sa juste valeur son ennemi, qui parfois semble inoffensif, mais qui est souvent le plus dangereux.
  • Vaincre certains dangers ne met pas à l'abri d'une mort ordinaire et subite.

En fait, il ne faut pas sous-estimer des ennemis et des situations qui, à première vue, paraissent sans dangers...

 

Le lièvre et les grenouilles - Catherine Ringer 

 

Un Lièvre en son gîte songeait
(Car que faire en un gîte, à moins que l'on ne songe ?) ;
Dans un profond ennui ce Lièvre se plongeait :
Cet animal est triste, et la crainte le ronge.


"Les gens de naturel peureux
Sont, disait-il, bien malheureux.
Ils ne sauraient manger morceau qui leur profite ;
Jamais un plaisir pur ; toujours assauts divers.


Voilà comme je vis : cette crainte maudite
M'empêche de dormir, sinon les yeux ouverts.


Corrigez-vous, dira quelque sage cervelle.
Et la peur se corrige-t-elle ?
Je crois même qu'en bonne foi
Les hommes ont peur comme moi. "


Ainsi raisonnait notre Lièvre,
Et cependant faisait le guet.
Il était douteux, inquiet :
Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre.


Le mélancolique animal,
En rêvant à cette matière,
Entend un léger bruit : ce lui fut un signal
Pour s'enfuir devers sa tanière.
Il s'en alla passer sur le bord d'un étang.


Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes ;
Grenouilles de rentrer en leurs grottes profondes.
"Oh! dit-il, j'en fais faire autant
Qu'on m'en fait faire ! Ma présence
Effraie aussi les gens ! je mets l'alarme au camp !
Et d'où me vient cette vaillance ?
Comment ? Des animaux qui tremblent devant moi !
Je suis donc un foudre de guerre !
Il n'est, je le vois bien, si poltron sur la terre
Qui ne puisse trouver un plus poltron que soi. "

La morale de la fable

La peur provoque la souffrance chez celui qui, comme le Lièvre, la subit au quotidien.

Mais la fable montre que les malheureux se consolent en voyant plus malheureux qu'eux. Ainsi le Lièvre se rassure en constatant qu'il est plus chanceux que les grenouilles qui ont peur de lui...

 Jeanne Cherhal- La poule aux oeufs d'or 

 

L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
Pondait tous les jours un œuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus

La morale de la fable  

Très courte, cette fable raconte l’histoire d’un homme, personnifiant l’Avarice, qui possède une poule capable de pondre des œufs en or. Avide et cupide, l’avare se dit que son animal possède en lui un véritable trésor et la tue. Mais il ne trouve aucune richesse dans sa poule et, morte, celle-ci ne peut plus pondre d’œufs en or. Il perd donc l’animal qui pouvait l’enrichir sans fin...

Moralité : l'avarice perd tout en voulant tout gagner. Il vaut mieux penser au long terme et ne pas se montrer trop impatient !

Aucun commentaire: