Nikola Obermann profite du 1er mai pour présenter à ses compatriotes une coutume française totalement inconnue en Allemagne.
Transcription
Aujourd’hui, c’est le premier mai, jour de la fête du travail. En
France comme ailleurs dans le monde, les défilés se sont déroulés dans
une atmosphère souvent bon enfant. Et pourtant, juste en ce moment, à
Lyon, Klaus et Bernadette sont en train de se crêper le chignon…
Klaus
est un étudiant allemand arrivé depuis peu en France. Ils ont passé la
journée ensemble, main dans la main. Mais voilà, Klaus ne lui a pas
offert de muguet !
Oui, on est le premier mai, tout le monde offre du
muguet, sauf toi ! Klaus ne comprend rien à cette colère, pour lui, le
muguet est une herbacée toxique qui prospère dans les sous-bois et qu’on
utilise pour fabriquer des médicaments pour le coeur. C’est tout.
En France, on défile le premier mai, un brin de muguet à la
boutonnière. Et on offre un, deux, ou trois brins de muguet aux gens que
l’on aime bien. Ça n’est pas difficile à trouver car il y a des étals à
tous les coins de rue. On a l’impression que chaque association vend
son muguet : le parti Communiste, la Croix-Rouge, la SPA, et puis, les
particuliers, surtout les particuliers. Car, en France, le premier mai,
n’importe qui peut aller chercher du muguet dans les bois et en vendre
dans la rue.
Ce n’est pas vraiment légal, mais c’est toléré par la
police, car la tradition existe depuis trop longtemps maintenant.
La
légende dit que le muguet fut créé par Apollon, pour que les neuf muses
puissent poser leurs pieds délicats sur un doux tapis. Au Moyen Age, au
mois de mai, on prit l’habitude d’accrocher du muguet au-dessus de la
porte de sa bien-aimée. Mais c’est le roi Charles IX qui, à partir de
l’an 1560, aurait offert le premier jour du mois de mai un brin de
muguet en guise de porte-bonheur aux dames de la cour, souhaitant qu’il
en soit ainsi chaque année. Une douce idée. De cette époque date
d’ailleurs un très joli verbe : "mugueter" qui signifie "vouloir
séduire", "courtiser".
En 1890, lors de la première manifestation ouvrière du 1er mai, les
manifestants qui revendiquent la journée de travail de huit heures
portent au revers de leur veste un triangle rouge.
Un triangle qui symbolise le découpage de la journée en trois parties égales : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil et 8 heures d’éducation et de loisirs. Petit à petit, le triangle est remplacé par une églantine rouge qui est elle-même remplacée, en 1907, par le muguet porte-bonheur. Et le 1er mai 1936 on vend, pour la première fois, du muguet cravaté de rouge, dans les rues. Un muguet qui porte bonheur au Front Populaire puisqu’il gagne les élections, 2 jours plus tard! Le muguet est alors vraiment devenu un symbole de la lutte des classes.
Un triangle qui symbolise le découpage de la journée en trois parties égales : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil et 8 heures d’éducation et de loisirs. Petit à petit, le triangle est remplacé par une églantine rouge qui est elle-même remplacée, en 1907, par le muguet porte-bonheur. Et le 1er mai 1936 on vend, pour la première fois, du muguet cravaté de rouge, dans les rues. Un muguet qui porte bonheur au Front Populaire puisqu’il gagne les élections, 2 jours plus tard! Le muguet est alors vraiment devenu un symbole de la lutte des classes.
Deux traditions se
chevauchent donc le 1ier Mai : l’une courtoise, l’autre politique qui
donnent au premier mai français un parfum original et délicat.
Joyeux 1er mai !